Titre original : TITLI (तितली) Réalisé par Kanu Behl Acteurs principaux et rôles - Shashank Arora dans le rôle de Titli - Shivani Raghuvanshi dans le rôle de Neelu - Ranvir Shorey dans le rôle de Vikram - Amit Sial dans le rôle de Pradeep - Lalit Behl dans le rôle du père - Prashant Singh dans le rôle de Prince Scénariste Kanu Behl et Sharat Kataryia Producteur : Dibakar Banerjee Soundtrack : Karan Gour Production : Yash Raj Films Pvt. Ltd. Sortie française le 6 mai 2015 Durée : (2h7min) Prix NETPAC du Festival international du film d’Hawaï 2014 ; Prix du Syndicat de la critique de cinéma au Festival international du film indépendant de Bordeaux 2014 ; Prix du public au Festival du film d’Asie du Sud transgressif 2015 ; Prix du jury au Festival international du cinéma asiatique de Tours 2015.
Titli, littéralement "papillon" est le benjamin d'une fratrie de 3 garçons. Aujourd'hui adultes, ils vivent tous les trois sous le même toit dans une banlieue de Delhi avec leur père, leur mère étant décédée. Pour gagner de l'argent, les trois frères fricotent avec le crime en remplissant des missions,comme par exemple des vols de voitures ou de bijoux et contrats sur une tête. Des missions qui sont réalisées avec une grande violence et où le sang coule à flot. Mais Titli rêve d'une autre vie loin de cette maison de fou. Son projet, investir dans une place de parking dans un centre commercial en construction qui lui coûterait 300.000 roupies mais qui pourrait lui rapporter beaucoup d'argent très vite. L'argent, une somme colossale, il n'a pas besoin de le chercher bien loin car les magouilles familiales en ont rapporté. Il se servira de ce pactole sans avoir l'accord préalable de ses frères et aura la malchance de se le faire voler par la police après s'être fait arrêté. Il doit avouer à ses frères qu'il a perdu cet argent et attirera les foudres notamment de son frère aîné. Pour s'acquitter de sa dette, un mariage arrangé est vite programmé pour Titli. Certes les frères de Titli ont largement menti lors de la rencontre avec la famille de la future épouse. Mais pour obtenir une dot intéressante avec la clé un compte épargne de 250.000 roupies et une femme dans cette maison d'homme, pourquoi devenir honnête. Neelu apprendra très vite, à ses dépens, le visage de ces trois frères, car contre son gré elle sera très vite embarquée dans leur magouille et n'espérera qu'une chose fuir. Tout comme Titli, elle aussi a un rêve, vivre avec son amant "Prince". Titli et Neelu décident de s’entraider mais le parcours sera semé d'embûches et Titli est loin d'être un modèle de sainteté.
Avec Titli, nous sommes bien sûr bien loin de Bollywood et de ses fioritures. Ce film dépeint une société indienne en recherche d'identité dans un monde où joue toujours un rôle capital, pauvreté dans une Inde en pleine expansion économique mais pourtant à deux vitesses, mariages arrangés, valeurs familiales dont l'importance de veiller sur ses parents mais aussi honorer les ancêtres, ... Le film se veut brut où même la caméra, toujours en mouvement et souvent vacillant, capte des scènes généralement visionnées par l’œil humain et oubliées dans les films généralement tournés prioritairement en studio. Le spectateur peut ressentir beaucoup d'émotions émanant du film, la violence prend aux tripes comme si il devait un témoin oculaire et physique des scènes et non un spectateur derrière un simple écran. Il pourrait même avoir envie d'intervenir et d'arrêter certaines horreurs qui se déroulent sous ses yeux. Le film se veut également au plus près de la réalité et au plus près des gens. Le réduit où vivent ces 4 hommes ressemblent effectivement à un intérieur indien, mais avec en prime un certain manque de présence féminine pour y mettre de l'ordre. Le film n'hésite pas en mettre avant des scènes qui pourrait se révéler banale dans la vie de tout un chacun et particulièrement dans cette famille : brossage de dents et "toilette de chat", un père végétant toute la journée devant la télévision en robe de chambre, un des frères qui très souvent est habillé à la maison avec un marcel crasseux et se racle bruyamment la gorge pour mieux cracher dans le lavabo, déjeuner de chapattis, jeux d'enfants dans la rue ... Si l'on ne compte pas la violence qui règne dans le film, l'on peut dire que le film démontre un vrai côté de l'Inde avec d'un côté ces personnes qui vivent dans des quartiers aux petites ruelles et non goudronnées et à l'opposé comme le démontre les scènes où l'on découvre l'amant de Neeru un quartier bien moins modeste. La violence, effectivement comme partout elle existe mais il ne faut pas pourtant aller dans l’extrême en retenant que c'est un pays violent où les hommes battent leurs femmes, où des voyous courent les rues, où l'on risque de ses faire voler sa voiture et ses bijoux, où sans pots-de-vin l'on arrive à rien (quoique), ... L'on y découvre aussi à travers Neeru et l'ex-femme du frère aîné que les femmes ne sont plus uniquement reléguer en femme au foyer. Ce sont des femmes qui certes ont été soumises à un moment ou un autre mais qui essayent pour autant aller de l'avant, en se battant, en tenant tête à leur mari et en faire valoir leurs droits. Neeru malgré qu'elle a fait l'objet d'un mariage arrangé est une femme moderne, au point où elle a une aventure avec un homme marié. Quant à l'ex-femme du frère aîné, elle a quitté le domicile avec sa fille et demander le divorce. Comme quoi l'on peut constater un bon nombre de paroxysme. Titli est vraiment un film à découvrir, que je recommande à ceux qui veulent découvrir des films sans artifices et d'une très bonne réalisation. Je ne vous cache pas que les scènes de violence peuvent être ressenties fortement par le spectateur, sans doute du faite que le spectateur n'y voit pas forcément à travers le film une simple fiction dénudé de sens. D'ailleurs un avertissement a été mis en place pour ce film : " des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs." Mais pour autant, n'ayez crainte, allez le découvrir car ce film permet d'ouvrir un certain regard sur l'Inde d'aujourd'hui, loin de nombreux clichés. Bien évidement il reste toujours important de faire la part des choses et ne pas rentrer dans l'autre extrémité.
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