Nous sommes anesthésiés et nous ne réagissons pas, nous cherchons, nous alignons les mots clés dans la barre de recherche et les résultats tombent. C'est comme un jeu de casino avec énormément de chance, on gagne à chaque donne, on gagne un lot de douleurs. On se sent aussi très cons. Il faut bien le dire. On est comme humiliés que tout ait été là pendant des années, enfermé bien au chaud ou bien au frais, si l'on envisage qu'il aurait pu survenir une altération de l'information détenue par la machine Google à laquelle il suffit de donner à manger les mots magiques pour qu'elle ouvre grand son tiroir et dégueule la vérité. [Page 82-83]
Beaucoup d’enfants adoptés souhaitent, à un moment ou à un autre, connaître leurs parents biologiques.
C'est le cas de Titania, adoptée au Sri Lanka en 1985 alors qu'elle n'était encore qu'un nourrisson par Véronique et son mari, un couple de français, déjà parents de deux garçons.
Titania sait qu'elle peut compter sur ses parents pour l'aider à retrouver sa famille sri-lankaise, d'autant plus qu'ils ont des contacts sur place.
Véronique et son mari ont effectivement fait appel à leur ami Sudath et ce qu'il va leur annoncé, après des premières investigations fructueuses, est un cataclysme qui va ébranler cette famille. Alors que Véronique et son mari avaient, à l'époque, entrepris toutes les démarches légales pour adopter, cette adoption est en réalité, un petit maillon d'un baby business, d'un trafic d'enfants au niveau international.
Terrassée par cette nouvelle, Véronique et son époux décident de mener un combat. Commence pour eux, un véritable chemin de croix. De la France au Sri Lanka, en passant par les Pays-Bas et la Suède, ils vont enquêter, informer, questionner, rechercher, visionner, témoigner, ... Ils vont se battre et ne jamais baisser les bras. Ils veulent que ce trafic soit mis sous le feu des projecteurs et que les failles du système soient dénoncées. Pour eux, pour ces enfants, ces parents biologiques, ces parents adoptants, pour leurs familles.
"Ma fille, je ne savais pas" de Véronique Piaser-Moyen est un témoignage personnel et poignant sur les adoptions au Sri Lanka. En adoptant "Titania" en 1985, Véronique et son mari, ne pensait pas que cette adoption faisait partie d'un trafic d'enfants. Ils ont vécu trente années, disons presque d'insouciance, persuadés qu'en procédant à des démarches auprès des autorités compétentes tant en France et au Sri Lanka, ils avaient adopté dans les meilleurs conditions et en toute légalité. Pourtant, la réalité est tout autre et découvrir la vérité fera l'effet d'un électrochoc. En adoptant, ils voulaient à tout prix éviter le baby business. Malgré eux, ils se sont retrouvés mêlés à ce trafic. Ce trafic pourrait être visualisé comme une espèce de toile d’araignée qui s'est étendu à travers le monde en faisant, dans son passage; de nombreuses victimes.
Avec "Ma fille, je ne savais pas", Véronique Piaser-Moyen nous offre à lire un récit très intimisme. L'auteure nous livre ses souvenirs et nous fait découvrir le combat qu'elle a entrepris avec son époux. Le témoignage est parfaitement bien écrit et structuré. C'est un livre bouleversant, qui vous mets la chair de poule, qui sait vous mettre en rage mais qui ne manque pas de vous faire malgré tout sourire. Car pour avancer, malgré la détresse, l'incompréhension face à la passivité d'autrui, rire n'est-il pas le meilleur moyen pour se donner du courage et retrouver assez de force pour avancer ?
"Ma fille, je ne savais pas" est une lecture qui vous marquera et dont certains passages pourront même vous hanter. C'est l'histoire d'un couple, d'une famille, qui malgré tous les combats, n'a jamais baissé les bras et qui veut se faire entendre, pour que tout le monde sache et peut-être permettre à ceux qui le souhaite, un jour de réaliser leur rêve, retrouver leur famille biologique et à d'autres ne devoir jamais à subir cela, être arrachés à leur famille pour nourrir un business où des gens agissent impunément et sans état d'âme en toute inégalité.
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"Ma fille, je ne savais pas"
De Véronique Piaser-Moyen
Editions City - Date de parution : 31 août 2022 - ISBN : 978-2824620824 - 256 pages - Prix éditeur : 18,50 €
Précédemment
Éditions Atramenta - Date de parution : mai 2021 - ISBN : 978-952-340-893-7 - 334 pages - Prix éditeur : 20 €
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