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Que devons-nous aimer ? par Arundhati Roy et John Cusack

Et que dire de notre échec ? Écrivains, artistes, radicaux, antinationaux, francs-tireurs, mécontents - que penser de l'échec de notre imagination ? Que penser de notre échec à remplacer l'idée des drapeaux et des pays par un objet d'amour moins meurtrier ? Les êtres humains semblent incapables de vivre sans guerre, mais ils sont également incapables de vivre sans amour. La question est donc la suivante : que devons-nous aimer ?
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Quatrième de couverture : Arundhati Roy et John Cusack se lancent dans un pari un peu fou : aller rendre visite à Edward Snowden à Moscou, où il est réfugié politique. De ce défi naît une passionnante série d’essais et de conversations, de l’émergence de cette idée jusqu’à la rencontre avec ce fameux lanceur d’alerte, ancien employé de la CIA et de la NSA. Accompagnés pour cette entrevue historique de Daniel Ellsberg, un autre lanceur d’alerte qui avait fourni en 1971 les «papiers du Pentagone» au New York Times, ils abordent au fil du texte la question de la guerre, de l’espionnage, du terrorisme, du patriotisme… et décortiquent de façon salutairement implacable le fonctionnement actuel du monde.





Et qui peut attirer un public ? Il vous faut du capital, des stars, n'est-ce-pas ? Gandhi était une superstar. Les indigènes des forêts n'ont pas ce capital, ce pouvoir d'attraction. Donc ils n'ont pas de public. La non-violence devrait être une tactique - pas une idéologie prêchée depuis les coulisses aux victimes de violence massive ...
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Un matin aux États-Unis, John Cusack - acteur, producteur, scénariste et chanteur américain -,  pensa à Edward Snowden, un réfugié politique d'origine américaine exilé à Moscou car il a divulgué des informations classées top-secrètes de la NSA. John Cusack continua son tableau en imaginant une conversation entre Edward Snowden et Daniel Ellsberg, qui quarante ans plus tôt avait rendu public les papiers du Pentagone. Puis, lui vient en tête une troisième personne, Arundhati Roy, écrivain et militante indienne  qu'il avait rencontré à plusieurs reprises. L'idée de les réunir tous les trois serait une belle chose à faire. Première étape, appeler de l'autre côté du Monde, à New Delhi, où Arundhati Roy sommeille afin de lui proposer d'aller à Moscou rencontrer Daniel Ellsberg et Edward Snowden. Sans surprise, Arundhati Roy est enchantée par cette proposition. La machine est lancée. Le rendez-vous est pris quelque temps plus tard dans le Ritz-Carlton de Moscou, environ huit mois après que Modi devienne Premier Ministre en Inde. Une rencontre historique - un non-sommet - entre deux symboles vivants de la conscience historique américaine aura bien lieu et tout le monde sera présent : Snowden, Ellsberg, Cusack et Roy.

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"Que devons-nous aimer" est un ouvrage intéressant et que j'ai trouvé assez intimiste. Il comprend une série de narrations et de transcriptions de conversations, d'essais rédigés par John Cusack et Arundhati Roy ainsi que des extraits d'écrits d'auteurs. Y sont abordés pêle-mêle : politique, guerres, espionnage, patriotisme, terrorisme, nucléaire, ONG, lanceurs d'alerte, ... Chacun des interlocuteurs apporte ses connaissances, son expérience, son analyse, ses réflexions, ... Il est largement question du fonctionnement du monde d'aujourd'hui avec de petits va-et-vient avec le passé et le résultat pour le futur. Les sujets sont principalement tournés vers l'Amérique, l'Inde, le communisme et le capitalisme. Aussi bien son titre en français "Que devons-nous aimer" que son titre original "Things that can and cannot be said" que l'on traduit en français par "Ce qui peut et qui ne peut être dit" - le premier émanant d'une citation reprise dans cet essai et le second étant le nom de deux chapitres où la parole est donnée à John Cusack - résument parfaitement la réflexion qu'apporte cet ouvrage. "Que devons-nous aimer"  comporte une centaine de pages et apportera à ses lecteurs - du moins à ceux qui voudront être réceptif - une prise de conscience du monde qui évolue autour de nous et souvent à contrecourant. Un monde qui va toujours plus mal.



Quand les gens disent : "Parle-moi de l'Inde", je demande : "Quelle Inde ? ... La terre de la poésie et de la folle rébellion ? Celle qui produit une musique envoûtante et des textiles de toute beauté ? Celle qui a inventé le système des castes et qui célèbre le génocide de musulmans et de sikhs et le lynchage des dalits ? Le pays des milliardaires en dollars ? Ou celui dans lequel huit cents millions de gens vivent avec moins d'un demi-dollar par jour ? Quelle Inde ?" Quand les gens disent "l'Amérique", à laquelle font-ils référence ? A celle de Bob Dylan ou à celle de Barack Obama ? A la Nouvelle-Orléans ou à New York ? Il y a seulement quelques années de cela l'Inde, le Pakistan et le Bangladesh ne formaient qu'un seul et même pays. En réalité, nous étions constitués de nombreux pays, si l'on compte les États princiers ... Ensuite les Britanniques ont tracé des frontières, et nous sommes désormais trois pays, dont deux braquent des armes nucléaires l'un sur l'autre - la bombe hindoue radicale et la bombe musulmane radicale.
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Un matin, tandis que je parcourais rapidement les informations - l'horreur au Moyen-Orient, la confrontation entre la Russie et l'Amérique en Ukraine -, j'ai pensé à Edward Snowden et je me suis demandé comment il tenait le coup Moscou. J'ai commencé à imaginer une conversation entre lui et Daniel Ellsberg (l'homme qui divulgua les "Papiers du Pentagone" pendant la guerre du Vietnam). Puis, curieusement, j'ai imaginé qu'une troisième personne entrait dans la pièce : l'écrivain Arundhati Roy. L'idée m'a traversé l'esprit qu'il serait beau de les réunir tous les trois.
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Que devons-nous aimer ?

À la rencontre d’Edward Snowden : essais et conversations

Arundhati Roy et John Cusack

Titre original : Things that can and cannot be said

Traduction de l'anglais (Inde et États-Unis) par Juliette Bourdin

Éditions Gallimard - Hors-série Connaissance - ISBN : 9782072704970 - 125 pages (y compris les appendices) - Prix éditeur : 12 €







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