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"Petites Morts à Sonagachi" de Rijula Das



Tilu craignait presque que l'histoire ne s'arrête là et qu'il n'éprouve jamais plus un tel amour. Comme une petite mort. Il avait entendu dire, par un homme très cultivé, que c'est le surnom que les Français donnent à l'orgasme. Mais Tilu savait aussi que l'amour peut réellement vous terrasser. Et que si l'on ne meurt pas un petit peu une bonne centaine de fois, ce n'est pas vraiment de l'amour. (Page 330)



Laissez-vous absorber par l'atmosphère oppressante de Sonagachi.


“Petites Morts à Sonagachi” est le premier roman de Rijula Das, chercheuse et traductrice du bengali. De son titre original "A Death in Shonagachhi", "Petites morts à Sonagachi" a notamment obtenu le grand prix littéraire indien : le Prix Tata Literature Live! et a été sélectionné pour le JCB de littérature.

Dans ce roman noir, teinté ça et là de rouge, dont il est important de souligner qu'il n'est ni un roman policier, ni un roman où une énigme est à résoudre, l'autrice nous emporte dans un quartier à la fois étouffant mais à la fois entêtant du nord de Calcutta, Shonagacchi, où sont concentrées les maisons closes de l'ancienne capitale du Raj britannique et l'actuelle capitale du Bengale.

Prenant dès les premières pages, ce roman est envoûtant mais tout en pouvant vous mettre mal à l'aise de temps en temps. Avec ces personnages, Rijula Das, soulève nombre de questions et de sujets mais pour lesquels il ne faut pas toujours attendre une réponse. "Petites morts à Sonnagachi" est bien plus qu'une lecture relatant de travailleuses du sexe, c'est une lecture qui met l'accent sur le droit de ces femmes, sur les trafics en tous genres et la corruption à tous les étages.


L'histoire

Sonagachi est le quartier chaud de la ville de Calcutta et l’un des plus importants lieux de prostitution d’Asie.

Parmi les maisons de ce quartier, il y a le "Lotus bleu" géré par Madame Shefali. Lalee avait été achetée il y a vingt ans, alors qu'elle n'avait pas encore atteint ses dix ans. Elle compte parmi ses clients fidèles, Tilu Shau, un doux rêveur, qui n'a connu qu'un petit succès dans l'écriture de romans érotiques et qui rêvent d'écrire des livres sur l'histoire de Calcutta qui le passionne. Chaque fois qu'il arrive à rassembler suffisamment d'argent, il vient les dépenser auprès de Lalee.

Le soir où Lalee demanda un excédent pour sa prestation à ce dernier, une femme de vingt-huit ans, Mohamaya, est assassinée dans la chambre d'à côté. Elle vivait depuis un certain temps à l'étage supérieur mais a été tuée dans son ancienne chambre, celle à côté de Lalee. Lorsque la police daigna enfin se déplacer et constater le meurtre, la scène de crime avait été déjà polluée par un nombre incessant de curieux du "Lotus bleu".

Une fois de plus, un crime a été commis à Sonagachi et le meurtrier va rester impuni. Les femmes de Sonagachi, soutenues par leur coopérative et des travailleuses sociales d'ONG décident de manifester tous les jours devant le poste de police afin que justice soit rendue à Mohamaya et à tous les crimes dont elles sont victimes quotidiennement.

Lalee n'y assistera pas car dès le lendemain du décès, elle se voit attribuer la place de Mohamaya par la patronne : sa chambre à l'étage supérieur et son poste d'escorte haut de gamme. Lalee découvrira le monde de la prostitution en-dehors de Sonagachi, qui a un véritable goût d'enfer.



Avec "Petites morts à Sonagachi", Rijula Das, signe un premier roman prometteur pour sa carrière d'autrice.

Entre cette plongée sans bouteille d'oxygène dans les tréfonds de ce quartier où règnent différents et sordides trafics et meurtres, sur fond de démonétisation des billets de 500 et 1.000 roupies qui eu lieu quelques mois auparavant en novembre 2016, les mouvements féministes pour le droit des femmes, en passant par des fonctionnaires corrompus et un gourou qui profite de sa toute puissance, sans mentionner le reste, Rijula Das offre à ses lecteurs une lecture qui les fera passer par toutes les émotions,


Avec "Petites morts à Sonagachi", un roman noir palpitant, addictif et riche en rebondissements, Rijula Das dépoussière le monde des polars. Avec  "Petites morts à Sonagachi", elle nous dresse le portrait de la condition des femmes en Inde et de la prostitution qui ne concerne pas uniquement des femmes indiennes, mais des femmes et même des enfants, de toutes origines, tant le trafic est international. Pour autant, c'est un roman qui dénature pas l'image de ces travailleuses du sexe, bien au contraire. Rijula Das, leur redonne leur identité, celle de femme avant de travailleuse du sexe, de mère également pour certaines d'entres elles, ... L'autrice leur donne cette identité qu'elles n'ont plus au regard de la société mais dont elles ont gardé les valeurs tels que la résilience, l'entraide, la force et l'amitié, notamment.

"Petites morts à Sonagachi" est un roman à lire.



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"Petites morts à Sonagachi"

De Rijula Das

Titre original : A Death in Shonagachhi

Traduit de l’anglais (Inde) par Lise Garond.

Éditions Seuil - Collection : Cadre noir - Date de parution : 21 mars 2025 - ISBN : 9782021507270 - 384 pages - Prix éditeur : 23,50 euros





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©Véronique Schauinger pour Inde en Livres - 2020 - Màj 2025 

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