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Vous voulez que je parle de la vie, mais je n’ai parlé de rien d’autre que d’échec, comme si ce n’était qu’une seule et même chose, ou du moins comme si les deux étaient si étroitement entremêlés que je ne pouvais les séparer – à l’image de ces arbres qu’on voit pousser dans les immeubles à moitié délabrés de la vieille ville. Des racines s’agrippent aux murs, maintiennent ensemble les briques, la pierre et ce qui reste de peinture, et des branches percent par des trouées dans la toiture. De ce toit, si on peut encore l’appeler ainsi, il ne reste parfois presque rien, rien que des morceaux de tuiles en terre cuite ou de tôle rouillée soutenus par la voûte des frondaisons.
Il y a longtemps, Ah Hock a tué. Il a été en cavale, s'est fait arrêté, jugé et a fait de la prison.
Pourquoi cet homme, sans histoire, d'origine chinoise est venu à commettre un crime.
Lui qui était marié, des projets pleins la tête, un travail et de l'argent, lui qui a commencé sans un sou en poche et qui s'est élevé.
Depuis sa sortie de prison, Ah Hock, vit reclus chez lui, sans vie sociale, pauvre et désemparé, détruit et meurtri, abandonné et solitaire.
Il est souvent sollicité par des personnes qui veulent connaître son histoire, mais Ah Hock ne veut voir personne. Mais un beau jour, il accepte de se confier à une jeune étudiante, chercheuse en sciences sociale.
Durant plusieurs mois, Ah Hock se livre. Il raconte à l'étudiante son histoire, sa jeunesse dans un village de pêcheurs, abandonné par son père et vivant seul avec sa mère qui essayait tant bien que mal à s'en sortir. Il lui conte l'histoire de son village, son adolescence, sa rencontre avec cet adolescent paresseux et bagareur venant de la ville. Puis comment il a perdu sa mère et ce qui l'a amené à vivre à Kuala Lumpur avant de retrouver son village, ses différents emplois jusqu'à celui qui lui a permis de ne plus travailler physiquement et de manager une équipe d'ouvriers, des immigrants.
Et puis il y a ces faits qui ont conduit à ce jour fatidique où sa vie à bousculer dans le néant ...
Avec "Nous, les survivants", Tash Aw - dont son premier roman "Le tristement célèbre Johnny Lim" a reçu le prestigieux Prix Commonwealth Writers' Prize ainsi que le Whitbread Book Award - nous conte bien plus l'histoire d'un seul homme. Avec "Nous, les survivants", un titre énigmatique, Tash Aw nous raconte l'histoire d'une communauté, chinoise, dans une Malaisie où se côtoient des personnes d'origines diverses. Il nous fait découvrir cette cohabitation, la vie à la campagne et pourquoi certains tentent leur chance en ville, l'évolution du pays au fil des années, l'arrivée de nouveaux migrants, notamment des birmans et des bengalais et parfois des africains, ... Avec ce roman, Tash Aw nous offre une plongée dans la Malaisie d'aujourd'hui, sans pincette, avec sa violence, ses inégalités à tous les niveaux, un pays en profonde mutation. "Nous, les survivants" est un roman palpitant, prenant, parfois déroutant mais surtout haletant. "Nous, les survivants" est bien plus qu'un roman, c'est la découverte de la Malaisie à l'état brut, la Malaisie des petits gens, des laissés-pour-compte, la Malaisie de la campagne, où la vie peut basculer à chaque instant, à l'image de Ah Hock. Mais "Nous, les survivants" est également l'histoire d'une improbable amitié naissante entre un homme et une jeune femme issue de la nouvelle génération, ambitieuse, talentueuse, homosexuelle et généreuse.
"Nous, les suvivants" de Tash Aw
Titre original : We, the Survivors
Traduit de l’anglais par Johan-Frédérik Hel-Guedj
Éditions Fayard - Date de parution : 14 avril 2021 - ISBN : 9782213715346 - 384 pages - Prix éditeur : 23 €
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