Agastya Sen, également - appelé August ou Ogu par sa famille ; English par ses camarades du pensionnat de Darjeeling - est le fils d'un gouverneur du Bengale et d'une mère catholique goanaise décédée lorsqu'il n'avait que trois ans. Il a vécu auprès de son oncle Pultu à Delhi ou chez ses tantes à Calcutta. Agastya n'a jamais manqué de rien. A 24 ans, Agastya est stagiaire fonctionnaire à l'IAS, si tout se passe bien, un an après il sera nommé adjoint préfectoral. En attendant, il est envoyé à Madna pour faire son apprentissage. Madna est un petite région rurale perdue au milieu de nulle part. Agastya n'est pas motivé par son apprentissage auprès du préfet Mr Srivastav. Il doit connaître tous les services de la fonction publique du district qu'il découvre à tour de rôle. Mais son manque de motivation, lui fait inventer des excuses pour se retrouver dans sa chambre du resthouse durant l'après-midi. A Madna, Agastya a seulement trois vies : la vie officielle avec ses obligations sociales ; sa vie personnelle ponctuée de beuveries et par la fumette ; et sa vie secrète où il s'entretient en faisant du jogging et gymnastique souvent avant le lever du soleil, les joints et la masturbation l'après-midi dans sa chambre chaude et sombre mais il s'adonne également à la lecture - son livre préféré est celui de Marc Aurèle cadeau de son père - et il aime écouter de la musique. Ce qu'Agastya aime aussi, est de se faire inviter à manger par n'importe quelle personne de Madna, car il déteste la mauvaise cuisine du cuisinier du resthouse Vasant. Il se retrouva souvent vers les sept heures du soir chez le député Srivastav et son épouse pour profiter du dîner. A pars cette sortie, il passe beaucoup de temps avec Seth le caricaturiste, Mandy du département des forêts ainsi que Mohan du même département, Shankar son voisin de la resthouse et ingénieur des travaux publics, .. Bien évidement, au vue de sa fonction de stagiaire, il est également souvent invité aux réceptions officielles données par le préfet, réception où il trouve là encore une excuse pour filer au plus vite. Agastya à pars les goûts pour la paresse, pour les consommations illicites, de sa trop grande consommation d'alcool, il adore mentir et inventer des histoires notamment sur lui. La vie à Madna ne lui plait pas malgré qu'il s'y est fait des compagnons de beuverie et de joints. Il réfléchit régulièrement sur sa carrière à l'IAS et avait même envie de décrocher la fois où il s'était rendu à Delhi chez son oncle pour la fête de Durga. D'autres rencontres, des découvertes du passé du discrit de Madna, des expéditions dans les terres, une mutation de plusieurs mois à Jompanna, ... le feront toujours réfléchir à son avenir. Ce livre est écrit dans un style très familier, très cru et sans tabous sur de nombreux sujets tel que la drogue, la sexualité, les préjugés, ... Dans ce roman, on découvre le passé d'Agastya, sa vie à Madna, ... C'est une personne que l'on peut qualifier de hautaine, d'arrogante, parfois antipathique. On prend conscience qu'il a toujours eut ce qu'il voulait et il ne fait donc que très peu d'effort pour s'adapter à son futur métier de fonctionnaire où il pourrait avoir la sécurité de l'emploi. Le livre peut sans doute s'avérer difficile car il y a beaucoup de personnages qui croisent la vie de Agastya à Madna notamment durant les premiers chapitres. Avec cette déclinaison de personnages, Upamanyu Chatterjee nous offre à travers ce roman une satire sur la vie des fonctionnaires provinciaux et une comédie loufoque. Ce livre aborde également de sujets plus sérieux : les tribus bengalies, les naxalistes, la déforestation, le manque d'eau, le travail des fonctionnaires, les lépreux, la pauvreté, ... "Les après-midis d'un fonctionnaire déjanté" a été adapté au cinéma sous le nom original du livre "English August" en 1994.
Mais Agastya voulait échapper au préfet et à son travail pour retrouver une autre vie. Une existence secrète qu'il allait mener toute l'année dans la chaleur et l'obscurité de la chambre de la rest house ou dans celles, analogues, d'autres établissements. Cette vie privée devint beaucoup plus passionnante et plus réelle que celle du monde extérieur. L'après-midi, il fermait les volets pour se protéger d'un monde incandescent. [...] C'était l'univers de la marijuana et de la nudité, d'une musique désespérément déplacée (Tagore ou Chopin), et des pensées qui fermentent dans l'isolement. La chaleur, la contemplation de la sueur perlant sur la peau nue avaient quelque chose de vaguement érotique.
Les serviteurs étaient en fait des plantons affectés aux bureaux de la préfecture. Nombre d'entre eux, qui étaient officiellement des fonctionnaires du gouvernement, travaillaient comme domestiques chez les préfets. La plupart convoitaient ce travail, préférant nettoyer les crottes de la progéniture préfectorale plutôt que de transbahuter des dossiers d'un bureau à l'autre. Cette inclination s'expliquait facilement. Au bureau, ses subalternes étaient à des millions d'années-lumière du préfet, alors que chez lui, tout en rampant à quatre pattes pour lui apporter ses chaussures ou lui enlever ses pantoufles, ils étaient suffisamment proches pour lui exprimer leurs désirs : un petit lopin de terre, un prêt du gouvernement, un poste d'huissier pour leur fils dans un bureau de la préfecture.
Il passa de nombreuses soirées chez le préfet, mais certains jours il était trop abattu pour y aller, ses yeux étaient trop rouges et il se sentait trop seul pour entretenir une conversation sensée avec quiconque. Dans ces moments-là, il attendait que le soleil se couche pour faire une promenade. La ville était sale et surpeuplée, sans compter qu'il y avait toujours le risque de rencontrer un collègue de bureau et de devoir entamer d'assommants bavardages. Il sortait de Madna et longeait la voie ferrée. Il écoutait parfois les nouvelles de neuf heures. Il ne lisait pas les journaux et évitait ce qu'on appelle les actualités.
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Couverture du livre original et deux images du film (je n'ai pas trouvé la bande annonce)
Les après-midi d'un fonctionnaire très déjanté
De Upamanyu Chatterjee
Titre original : English August
Traduit de l'anglais par Clarisse Busquet
Éditions Robert Laffont - Collection Pavillon broché - ISBN : 978-2221094921 - 412 pages - Prix d'origine 20 €
Éditions Robert Laffont - Collection Pavillon poche - ISBN : 978-2221109205 - 540 pages - Prix : 11,05 €
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