Monsieur Ali est propriétaire d'une agence matrimoniale à Vizag dont les bureaux se trouvent dans la véranda de sa maison. Il est assisté par Aruna, une jeune femme qui vient d'une famille assez pauvre et qui a épousé Ramanujam il y a moins d'un an. Ce dernier est médecin dans un hôpital et vient d'une famille riche, il est tombé amoureux d'Aruna lorsqu'il avait demandé les services de Monsieur Ali.
Monsieur Ali a un fils, Rehman, qui après avoir manifesté pour des paysans, est de retour au bercail pour le bonheur de Madame Ali, sa mère. Rehman s'est lancé dans une amourette secrète avec Usha, une jeune journaliste issue d'une riche famille hindoue qu'il a rencontré lorsqu'elle a couvert ses manifestations.
Aruna vit avec sa belle-famille dans leur somptueuse et confortable demeure et elle s'entend bien avec ses beaux-parents. Mais sa belle-sœur Mani, selon la tradition, est revenue vivre auprès de sa famille car elle est enceinte. Elle est accompagnée de Sanjay, son fils, un enfant gâté qui ne fait que des bêtises. Mani fera vivre un véritable cauchemar à Aruna car elle n'a jamais accepté que son frère se marie à une jeune femme pauvre.
Puri, est l'épouse du défunt neveu des Ali. Être veuve est déjà difficile pour une femme qui se fait rejeter par la société mais elle a dû essuyer en peu de temps également le décès de ses parents. Pour autant, elle s'est battue pour apprendre l'anglais et trouver un travail dans un call-center de Vizag. Sa seule famille est Mr et Madame Ali et leur fils Rehman qui lui ont trouvé un appartement en face de leur maison. Puri n'est pas la seule à être classée parmi les personnes qui apportent le mauvais œil, le tout jeune Vasu a perdu son père dans l'effondrement d'un immeuble et sa mère s'est suicidée car elle a été rejetée violemment par sa famille suite à son mariage avec un hors-caste.
"Les 1001 conditions de l'amour" est la suite de "Le bureau de mariage de Mr Ali". On est ravi de découvrir ce que sont devenus Mr et Mme Ali et Aruna. Des personnages secondaires que nous avons découvert dans la première partie, deviennent des personnages clés dans ce second roman. On apprendra à connaître Rehman, la journaliste qui a interviewé Mme Ali, le garçon qui est sur la photo qui trône chez Mr et Mme Ali, la femme qui a perdu son mari et enfin le mari à Aruna. De nouveaux apparaîtront.
Rehman après des années à défendre les paysans, essaye de retrouver une vie "normale" pour répondre aux conditions que la grand-mère d'Usha exige. On retrouvera la confrontation entre les traditions et la modernité : les mariages arrangées, les difficultés à faire un mariage hors-caste et en-dehors de sa communauté religieuse, les relations familiales, les personnes considérées comme portant le "mauvais œil" ...
Dans ce roman, on découvre de nouveaux sujets .
Tout d'abord sur le plan rural. On y découvre les difficultés rencontrées par les paysans à cultiver leur terre car une bonne récolte demande des conditions météorologiques optimales, une sècheresse ou à l'opposé trop de pluie peuvent ruiner le travail d'une année. Mais l'on découvre un sujet beaucoup plus "récent" et dépendant de l'humain et non de la nature. Il s'agit de l'introduction en Inde du coton transgénique qui nécessite une dose importante de pesticides. Pour convaincre les paysans à se mettre au coton, de nombreuses promesses leurs sont faites mais la contrepartie en cas de non-récolte n'a pas été mentionné. Les conséquences de l'introduction du coton sont désastreuses sur un plan écologique bien sûr mais des paysans se retrouvent endettés et certains n'hésiteront pas à recourir au suicide.
Le deuxième grand sujet concerne l'urbanisation. On découvre les "coulisses" de la construction des immeubles : les pots-de-vin pour obtenir les autorisations, la gestion d'une construction d'un immeuble, les défauts de construction car des entrepreneurs veulent minimiser les coûts, les écroulements d'immeubles criblées de défauts, ...
Malgré ces deux sujets sérieux et l'enthousiasme de connaître la suite de "Le bureau de mariage de Mr Ali", j'ai moins accroché à ce second roman. J'ai eut des moments où je me suis ennuyée, et j'ai trouvé la fin trop brusque. Je peux comprendre que l'auteur a voulu ainsi lancer de la suite de ce roman, mais il aurait dû l’adoucir, d'autant plus que la suite n'est pas (encore) parue en langue française. Je pense que même si le but premier est de rédiger des romans qui se suivent, il est important que chacun puisse être lu indépendamment.
Pour autant, il faut reconnaître que Farahad Zama incorpore dans son roman les traditions et coutumes musulmanes tout comme celles hindoues. Le mariage où se rendra Rehman avec Puri et qui se déroulera à la campagne est assez surprenant, par "l'espèce" de ses mariés.
Le prochain roman de Farahad Zama et qui n'est pas encore traduit en langue française, s'intitule "Mrs Ali road of happiness", un nom prometteur, espérons que l'histoire le sera aussi.
Les 1001 conditions de l'amour
De Farahad Zama
Titre original : The many Conditions of Love
Traduit de l'anglais par Perrine Chambron
Éditions JC Lattès - Broché - Date de parution : 30 mai 2012 - ISBN : 978-2709630580 - 429 pages - Prix éditeur : 19 €
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