Breitwieser est un collectionneur d'art, pas d'aventures. A ses yeux, le crime idéal, devrait être le plus ennuyeux possible. Si vous voulez des incursions par des velux et des capteurs infrarouges, téléchargez un film. Mais si votre but est de voler des oeuvres d'art, vous devriez plutôt apprendre à inciser du silicone.
"Le voleur d'art - Une histoire d'amour et de crimes" a été écrit par le journaliste américain Michael Finkel, auteur de deux précédents livres d'enquêtes journalistiques, l'un sur une usurpation d'identité dont il a fait l'objet et l'autre, sur un ermite.
"Le voleur d'art - Une histoire d'amour et de crimes" est l'histoire d'un français, Stéphane Breitwieser, né en 1971 dans le Sud de l'Alsace, un escroc et un voleur français d'œuvres d'art, au profil psychologique complexe, un Arsène Lupin, sévissant avec un couteau suisse, qui n'a rien d'un gentlemen voleur.
Ses vols, estimés à 239 œuvres et objets d’art, ont été commis en plein jour de 1994 à 2001 au nez des gardiens et des caméras de sécurité, dans près de 170 musées de sept pays européens : France, Suisse, Allemagne, Belgique, Danemark, Pays-Bas et Autriche, pour les accumuler dans la maison de la région mulhousienne de sa mère où il vivait à l'étage avec sa compagne, Anne-Catherine. Bien évidement ces chiffres ne sont que des estimations, car nombre d'oeuvres et d'objets ont disparu, détruits soi-disant par la mère de ce criminel alors qu'il purgeait une peine en Suisse. De plus, on imagine bien, au vu de ces trois personnages qu'il reste une grande zone d'ombre sur cette affaire, un secret qu'ils risqueront d'emporter dans leur tombe, et que le principal suspect, qui a depuis récidivé à plusieurs reprises, n'aura pas fini de parler de lui dans la rubrique faits-divers des journaux et qu'il continuera à faire trembler les musées.
Lire "Le voleur d'art" est à la fois passionnant et dérangeant, presque malsain. Michael Finkel offre à ses lecteurs, à travers cette enquête journaliste parfaitement bien écrite, une lecture passionnante, à la découverte de ce voleur, de sa relation (toxique ?) avec sa mère et sa compagne et complice, Anne-Catherine. De plus, l'auteur a essayé, dans les grandes lignes, à retracer chronologiquement les différents vols commis, grâce à un énorme travail d'enquêteur qui a duré près de dix ans pour reconstituer l'histoire de cet homme, qu'il a même rencontré. Mais certains lecteurs auront l'impression de donner de l'importance à ce voleur sans scrupules, qui ne mérite pas les feux des projecteurs.
Lire ou ne pas lire "Le voleur d'art - Une histoire d'amour et de crimes", telle est la question. En tous les cas, ce livre offre un très bon moment de lecture et nous invite à découvrir la folie d'un homme.
Chaque œuvre pillée lui donne une nouvelle excuse pour voler, explique Breitwieser, et, dans le milieu de l’art, tout le monde est un escroc à sa manière. S’il n’obtient pas ce qu’il veut, d’autres l’obtiendront à sa place. Certains s’approprient des œuvres reversant de l’argent à un marchand ; lui les acquiert à l’aide d’un couteau suisse. Au minimum, il devrait être considéré comme un voyou magnifique dans l’éternel lieu de débauche qu’est le monde de l’art. Et peut-être qu’au bout du compte – c’est son rêve – son nom entrera dans l’histoire de l’art comme celui d’un héros.
"Le voleur d'art, une histoire d'amour et de crimes" de Michael Finkel
De Michael Finkel
Titre original : "The Art Thief: A True Story of Love, Crime, and a Dangerous Obsession"
Traduit de l'anglais par Julie Sibony
Editions Marchialy - Date de parution : 21 août 2024 - ISBN : 978-23-81340-55-5 - 350 pages - Prix éditeur : 22 euros