top of page

"Le rêve du jaguar" de Miguel Bonnefoy 🇻🇪


Il portait l'odeur de la terre qu'elle avait quittée, du halage des chevaux, des joncs baignés de soleil de la lagune où, plus tôt, des ancêtres communs avaient érigé des palafittes pour résister aux Espagnols. Il sentait la mangrove, la corne des taureaux, le pétrole des plaines, son accent lui rappelait ce monde abandonné où les collines murmuraient les souvenirs des caciques tombés, enterrés avec leur poids en or et où les tortues avaient des carapaces en diamants. À partir de ce jour, dans son regard, Ana Maria chercha toujours le reflet du lac de Maracaibo.



En lice pour de nombreux prix en cette rentrée littéraire de septembre 2024 (finaliste du Prix Landerneau des Lecteurs 2024 ; première sélection du prix Médicis 2024 ; première sélection du Prix Fémina 2024 ; première sélection du Prix Renaudot 2024 ; sélection Prix Fnac 2024 ...), "Le rêve du jaguar", de l'auteur franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy, est le roman de cette rentrée littéraire de septembre 2024.


"Le rêve du jaguar" nous transporte au Venezuela, un pays peu connu d'Amérique du Sud, se situant le long de sa côte caribéenne d'où est originaire Miguel Bonnefoy. Dans ce roman, il a entrepris de raconter l’histoire de ses grands-parents et par la même occasion, l'histoire contemporaine du Vénézuela. En lisant ce roman, l'on peut que se souvenir de l'incontournable "Cent ans de solitude" du très connu Gabriel García Márquez et de son style d'écriture qualifié de réalisme magique, le même style d'écriture de Salman Rushdie. "Le rêve du jaguar" tient un peu de ce roman phare de la littérature générale mais avec presque moitié moins de pages.


L'histoire

Antonio, au troisième jour de sa vie, est abandonné sur les marches d'une église de Maracaibo et sera recueillit par Teresa, une mendiante muette, qui lui fit mener durant les premières années de son existence, une vie désordonnée, indigente et honteuse. Mais le petit Antonio sait qu'il faut se battre et que la vie ne fait aucun cadeau. Dès son plus jeune âge, il accumulera de petits boulots jusqu'au jour une rencontre lui permis de connaître une vie meilleure. Après un parcours semé d'embûches, Antonio pourra suivre des études durant lesquelles il rencontrera celle qui deviendra son épouse, Ana Maria, qui deviendra la première femme de l'État de Zulia, malgré une époque où la gente féminine n'avaient pas leur place sur les gradins des universités.

L'histoire d'Antonio, d'Anna Maria et leur fille Venezuela qui naquit le 23 janvier 1958, le jour où le dictateur Marcos Pérez Jiménez abandonna le pays, est racontée par la troisième génération, Cristóbal. Ce dernier, né à Paris et qui est devenu écrivain, décida de retourner au pays, pour y écrire l'histoire de ses aïeuls et à travers eux l'histoire de son pays d'origine.


"Le rêve du jaguar" est qualifiée comme par certaines critiques comme étant "un roman flamboyant", "une œuvre romanesque fascinante, portée par un souffle narratif épique" (La Croix). Le roman possède effectivement une aura particulière, tout d'abord grâce à ses divers personnages, certains hauts-en-couleur sortis de "je ne sais où". Le lecteur retiendra avant tout, l'histoire d'Antonio et Ana Maria, dont leur naissance fut déjà un roman à pars entière, un couple qui malgré les épreuves durant leur jeunesse, donneront leurs noms à l'histoire de la médecine au Vénézuela alors que le pays est en proie à une succession de régimes militaires et dictatoriaux. L'histoire contemporaine du Vénézuela qui se dessine derrière celle de ce couple de médécins a lieu non pas à la capitale, Caracas, mais dans la la ville de Maracaibo, située près d'un lac et d'un célèbre pont, qui après avoir accueilli des bateliers de tous horizons pour le commerce, s'est fait connaître pour ses richesses pétrolières.

Malgré tout l'encensement autour de ce roman qualifié d'épique, certains lecteurs pourront avoir du mal à accrocher, peut-être dès les premières soixante-dix pages dédiées à ce qui fut première partie de la vie d'Antonio et qui, pourtant, est la clé de voûte de l'histoire. Malgré les qualités d'écrivain et de conteur de Miguel Bonnefoy, cette partie n'aide pas forcément certains lecteurs à entrer dans l'histoire.

Mais pour se faire une idée, rien ne vaut mieux que de lire "Le rêve du jaguar", une histoire vibrante au plus près de l'histoire du Vénézuela, inspirée par ceux qui ont aidé le pays à se forger sa propre identité et sa propre histoire, et savemment écrit par cette nouvelle génération, dont certains ont grandi loin de ces terres.


Cristóbal prit un stylo et se mit à écrire. Il fallait remonter jusqu'à cette matinée où, au troisième jour de sa vie, Antonio Borjas Romero fut abandonné sur les marches d'une église dans une rue qui aujourd'hui porte son nom. (Page 295)



"Le rêve du jaguar"

Editions Payot & Rivages - Date de parution : août 2024 -

ISBN : 978-2-7436-6406-0 - 295 pages - Prix éditeur : 20,90 euros


Comments


bottom of page