Au fait, je ne suis pas sûr d'en avoir déjà parlé, mais à part mes problèmes d'insomnie, il y a autre chose que je ferais aussi bien d'avouer si je ne veux pas être accusé de rétention d'informations. Quand je l'aurais confié, peut-être l' "accident" du 14 paraîtra-t-il moins inacceptable, moins totalement anormal dans la séquence des évènements ordinaires. On dirait que je meurs d'envie de me présenter maintenant comme un dangereux psychotique, le genre de malade dont on ne peut accepter l'existence que dans les livres, les films et les villes situées à l'ouest du Caire. Mais honnêtement, ce n'est pas le cas.
Calcutta
Hiren Bose avait tout pour être heureux. Il avait une petite amie, Uma, qui avait été un temps sa voisine d'en face, il vivait avec elle dans la maison à trois étages qu'elle possédait et il était le gérant d'un commerce. C'est justement Uma qui lui avait permis d'ouvrir, dans le local vacant du rez-de-chaussée de sa maison, un taxiphone, une activité idéale pour Hiren qui est insomniaque.
Après quatre ans de vie commune, Uma et Hiren songeaient sérieusement au mariage mais un accident eu lieu un beau matin. Suite à cet accident, Hiren réaménagea dans le foyer du 72 Banamali Nashkar Lane, en face de la maison d'Uma réduite en cendres. Mais est-ce que les pensionnaires masculins du foyer se doutent-ils qu'Hiren est un pyromane et un assassin ?
Prague
Manik Basu est un auteur à succès mais depuis cinq ans, il n'a pas honoré son contrat dans lequel il s'était engagé à écrire un roman par an. Son éditeur, Ajit Chaudhurti, se fait plus insistant que jamais, Manik Basu préfère alors fuir à Prague. Pour arriver à ses fins, l'éditeur a engagé des hommes de main qui feront comprendre à Manik Basu qu'il n'a pas d'autre choix que d'écrire un roman, en l'enfermant.
Dans "Le jardin des délices terrestres", Indrajit Hazra l'auteur de ce roman, nous permet de savourer, par alternance, deux histoires, se déroulant en deux lieux : Calcutta et Prague. Les deux protagonistes de ces deux histoires sont des hommes originaires de Calcutta - tout comme d'ailleurs l'auteur - mais tout semble opposer les deux hommes. Hiren Bose est un pyromane insomniaque ayant arrêté ses études universitaires, préférant trainer dans un foyer avec pour compagnie d'autres hommes et écouter les étranges histoires d'un espèce de gourou, Ghanana. Manik Basu, quant à lui, est un homme plus solitaire. C'est un écrivain indien à succès en mal d'inspiration croyant que fuir retarderait encore et toujours l'échéance fixé par son éditeur. Il ne doute pas un instant que son éditeur loue une propriété à l'année près de Prague et surtout qu'il est plus malin.
"Le jardin des délices terrestres", un titre qui rappelle l’œuvre du peintre néerlandais Hieronymus Bosch, est un roman que l'on pourrait qualifier de roman psychologique. L'écriture d'Indrajit Hazra est un brin sardonique et teinté d'humour noir. Il n'hésite pas à jouer avec les émotions humaines de ses protagonistes et de ses lecteurs. Il y explore de grandes idées dont principalement le pouvoir destructeur des délices terrestres (le pouvoir, l'argent, les relation avec les femmes, ...) et use et abuse d'expressions métaphoriques. La présence de Ghanana dans le récit d'Hiren Bose accentue ce ressentiment. A plusieurs reprises, Indrajit Hazra bouleverse la chronologie des faits et s'en amuse. Il joue avec le lecteur comme l'éditeur joue avec Manik Basu. Il tient entre ses filets le lecteur qui attend indéniablement le dénouement final, celui où les deux histoires pourraient être liées entre elles. "Le jardin des délices terrestres" offre une lecture originale.
Le jardin des délices terrestres
De Indrajit Hazra
Titre original : The Garden of Earthly Delights
Traduit de l'anglais (Inde) par Marc Amfreville
En format broché (Éditions Le Cherche Midi) et en format poche (Le Livre de Poche) - Uniquement en occasion
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