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"Jimmy le Terroriste" de Omair Ahmad

C'était le noyau autour duquel gravitait le quartier tout entier. Rafiq n'était en rien différent de ses contemporains, il voulait être reconnu, et il savait que la seule reconnaissance valable dans son quartier était celle de Shabbir Manzil ... Peut-être que s'il n'avait pas été habité par une telle envie, rien de tout ça ne se serait passé ...
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Jimmy le terroriste. Mais qui se cache derrière ce nom, l'était-il réellement ou avait-il été affublé de ce titre à tort ? Jimmy, ce n'était pas son nom mais un surnom que l'homme le plus influent du quartier musulman de Moazzamabad lui avait donné alors qu'il était tout petit. Son nom, sous lequel tout le monde le connaissait était Jamaal. Jeune homme sans histoire, avec une bonne éducation dans une école prestigieuse de la ville et avec des rêves d'avenir. Mais il était discret, n'avait aucun ami dans son école et quand on lui accordait de l'attention c'était pour se moquer de lui ou l'accuser à tort, avec son père devenu mollah il n'y avait plus de dialogues entre eux. Mais que lui est-il arriver pour devenir un être sans vie, une dépouille derrière un petit cinéma de la ville, à l'aube de sa vie d'adulte ? Retour en arrière. Rafiq, le père à Jamaal, a étudié comme son fils le fera des années plus tard à la plus prestigieuse école St Jude's de Moazzamabad alors qu'il est de condition très modeste et originaire du quartier musulman du nom de Rasoolpur. Il rêvait d'avoir un nom dans la société et d'intégrer les réunions des notables du quartier où l'on discutait poésie et cricket. Un coup du destin le fera connaître Ahmed Saeed, issue de la famille la célèbre et la plus influente du quartier et qui dirige ces réunions. Ahmed Saeed lui sera d'une grande aide, il le pistonnera pour un travail comme professeur à une grande université et lui fera connaître sa future épouse Shaista qui a un lien de parenté avec les Saeed. Les relations entre Rafiq et son épouse sont assez platoniques sauf dans l'intimité de leur chambre. Jamaal, leur unique fils sera choyé par sa mère et le clan des Saeed, le couple vivra durant leur union dans leur demeure familiale. Avec l'arrivée de Jamaal, Rafiq aura l'impression d'être mis à l'écart et fréquentera de plus en plus assidument la mosquée. Alors que Jamaal fête son cinquième bougie, sa mère enceinte de huit mois mourra alors que Rafiq savait qu'une nouvelle grossesse de son épouse pourrait lui être fatale. Rafiq élèvera son enfant seul, mais surtout il se brouilla avec la famille Saeed et perdra son travail à l'université. Il se réfugiera dans la religion et son fils grandira entre un inam et un mollah. Mais la vie pour un enfant rejeté par les autres de son âge n'est pas facile et ne pas pouvoir en discuter avec un adulte le rendra de plus en plus anxieux et plus renfermé. La situation de violence entre hindous et musulmans, les couvre-feux et la peur d'une attaque du quartier n'aideront pas Jamaal à s'épanouir pleinement. Mais ne croyez pas qu'il décidera de s'engager comme terroriste, au contraire, parfois on peut être simplement au mauvais endroit et au mauvais moment. "Jimmy le terroriste" est un roman dont le titre ne fait pas forcément rêver et pourtant ne vous arrêtez ni au titre, ni, encore une fois, à la quatrième de couverture. Contrairement à ce qu'on le peut y penser, il ne s'agit pas d'une histoire sur un terroriste et éventuellement les raisons qui ont poussé un homme à le devenir. Un narrateur, à travers une présentation brève du présent dans un prologue, nous raconte l'histoire d'un cadavre qui fait venir des journalistes de Delhi ou de Bombay qui se comportent tels des vautours. Pour narrer le récit de ce jeune homme, il nous expose surtout la vie de son père Rafiq. Rafiq est un homme frustré, sans ambition tout en étant trop prétentieux, qui n'est pas capable de révéler à sa femme qu'une deuxième grossesse peut lui être fatale, qui préfère se réfugier subitement à la mosquée pour éviter d'affronter les obstacles de sa vie, et s'y enfoncera encore plus à la mort de cette dernière et qui commencera à prêcher tel un oiseau de mauvaise augure. Il ne prendra pas en main son fils et ce dernier s'enfermera dans son mutisme et ses peurs accentués par les discours alarmistes de son père. Le roman relate la violence dont fait part les militaires, les policiers et certains hindous, la corruption politique, les conflits entre religieux, le racisme, les classes sociales, ... Côté histoire, le roman mentionne l'état d'urgence et la campagne de vasectomie sous Indira Gandhi, c'est justement cet évènement qui ajoutera de l'huile sur le feu. Y est également mentionné la destruction de la mosquée d'Ayodhya et ensuite d'autres mosquées et les attentats de Bombay. On peut être étonné que Moazzamabad, une ville imaginaire du côté de Lucknow et Delhi, n'a pas subi de plein fouet les conséquences de ces grandes pages de l'histoire à part les couvre-feux. Côté personnages, le personnage de Jamaal est très triste et dramatique. Le père vit sur une autre planète et les enfants du roman sont justes horribles. Des personnages que l'on pense important dans la suite du roman disparaitront subitement. C'est un roman intéressant mais qui aurait mérité d'être moins confiné sur des stéréotypes. Des pièces ont l'air d'avoir été rajoutées au roman qui le rende un peu moins digeste. Il mérite tout de même d'être lu, il reste un des rares romans qui nous plonge dans un quartier musulman d'une ville indienne. Dans le même registe, je vous conseille de lire "Vanity Bagh" de Anees Salim.



Finalement à quoi sert le pouvoir sinon à s'attirer l'admiration de tous ? A bon quoi avoir de l'argent si personne ne vous l'envie ? L'or ne se mange pas, mais la fierté nourrit. C'est pour ça qu'une communauté doit toujours être composée de riches et de gens qui l'aimeraient l'être. Il faut également une personnage en charge de la moralité, un homme qui chuchote aux oreilles des puissants les requêtes des pauvres, pour les pousser à se monter généreux, et tout ça au nom de Dieu.
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Jamaal apprit donc que le succès avait un prix, et que ce prix n'était pas seulement de dur labeur. Il comprit également qu'il n'était pas un battant, qu'il n'avait pas le courage de faire face à ceux qui le tourmentaient. Il se pouvait que s'incliner devant eux, incapable de les affronter de quelque manière que ce soit. Il comprit ainsi pourquoi son père ne protestait jamais quand on le traitait de mollah derrière son dos. Il comprit qui était son père, et aussi qu'il était ile fils de son père, le fils d'un mollah, et un lâche. Jamaal s'allongea sur le carrelage froid, et se recroquevilla autour de son stylo cassé et pleura.
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Jimmy le Terroriste

De Omair Ahmad

Titre original : Jimmy the Terrorist

Roman traduit de l'anglais par Mélanie Basnel

Broché - Éditions Philippe Picquier - Date de parution : 5 octobre 2012 - 190 pages - ISBN : 978-2809703733 - Prix éditeur : 18,80 €


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