L'absence de solitude est un phénomène qui a envahi toute la vie en Inde, urbaine ou rurale, riche ou pauvre. Cela dure depuis des siècles et le poids de la tradition est lourd pour ceux qui vivent dans cette société et souhaitent malgré tout être seuls. Dans les palais indiens, les pièces avaient rarement des portes, et parmi celles qui en avaient, bien peu pouvaient se verrouiller de l'intérieur. Il n'y en avait jamais besoin, car les relations les plus intimes pouvaient apparemment s'accomplir sous le regard des autres, être appréciées de spectateurs. Examinez n'importe quelle peinture ancienne montrant une scène d'amour. Page 51
1942, quelques années avant l'Indépendance de l'Inde, nous nous retrouvons au Pendjab.
Avec en premier lieu, la famille sikh de Buta Singh, haut magistrat à la cour de justice du Pendjab ayant comme épouse Sabhrai, très pieuse mais malheureusement illettrée. Tous les deux ont deux enfants Sher Singh environ 21 ans et marié à Champak et Beena, étudiante et âgée de 17 ans. Ils ont un chien Dyer, un berger allemand. Parmi les domestiques, on retrouve Shunno une femme déjà assez âgée et Mundoo qui doit être encore un adolescent. Cette famille est surtout entrainée par la grande foi de Sabhrai, pour qui le culte sikh est très important voir essentiel au sein de sa maison et pour la protection de sa famille (la lecture du Granth, la prière du matin, ...). Sabhrai avait un amour tellement fort pour sa famille qu'elle possédait comme un sixième sens et savait quand un membre de sa famille avait besoin d'aide ou était malade.
Sher Singh était devenu le président de l'Union des Étudiants et avait les idées inverses à son père et de ses aïeuls ayant servi l'Empire Britannique, il rêvait de devenir un jour ministre. Sher Singh était également marié, fidèle à Champak même s'il ne s'intéressait pas trop à elle en fin de compte, préférant s'occuper de ses activités au sein de son syndicat et à faire des meetings.
Un autre magistrat, Wazir Chand, sa famille est hindoue, et avec son épouse, ils avaient des enfants de l'âge de Buta Singh : Sita, une étudiante brillante, petite et svelte et très jolie et Madan Lal déjà marié (à Lila et même papa) depuis sa deuxième année à l'Université, mais plus brillant en sport que dans les études et dans le flirt avec les filles mêmes mariées.
Sher Singh et Madan (qui avait un caractère plus fort) rêvaient d'une Inde sans Britanniques avec d'autres amis de leur âge en faisant un peu les apprentis terroristes en s'essayant dans la campagne environnante, ce qui n'était pas sans risque.
Buta Singh, au vue de sa profession devait souvent rendre visite à Mister Taylor quasiment quotidiennement. C'est un sous-préfet anglais assez gentil, à l'écoute de Buta Singh et très respectueux des Indiens.
Mais un jour, la disparition d'un chef de village, qui était également un informateur pour la police bouleversa la vie si tranquille de la famille Singh.
Le personnage qui m'a le plus ému dans le livre est Sabhrai, la femme de Buta Singh, qui malgré ses origines et son illettrisme, avait une foi pour sa religion sikh et son gourou sans précédent, c'est sa force à travers toute sa vie avec ses enfants. Elle m'a encore plus émue dans la deuxième partie du livre, que je ne peux pas vous révéler dans cet article, mais vous comprendrez ce que je veux dire lorsque vous lirez ce roman touchant.
On retrouve également dans ce livre, l'amitié entre une famille sikh, hindoue et anglaise via Taylor et la confiance mutuelle comme de laisser les filles et la femme de Sher Singh : Champak partir à Simlar (ville de villégiature lorsque la chaleur est trop importante dans les vallées, au contrefort de l'Himalaya) avec la seule compagnie masculine de Madan dont sa femme ne les rejoindra jamais.
Le livre nous apprend également un peu sur la religion et les cultes sikhs.
E N'ENTENDRAI PAS LE ROSSIGNOL
De Khushwant Singh
Titre original : I Shall Not Hear the Nightingale
Traduit de l'anglais (Inde) par Jacques Pimpaneau
Éditions Philippe Picquier
291 pages - prix neuf : 20,30 €
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