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"De poudre, de cendre et d'or" de Gwendoline Finaz De Villaine

Qu'a-t-il bien pu se passer à Hyderabad pour que je me retrouve ainsi projetée en Inde au début du XXe siècle ? Prisonnière d'un psychopathe anglais, accusée du vol d'un collier d'une valeur historique, otage d'un espace-temps dont j'ignore tout, à des années-lumières de ma famille, de mes collègues et de mes obligations, je risque d'être condamnée à mort pour un crime que je n'ai pas commis.


Éva Greville est responsable des archives et du patrimoine chez le joailler Cartier au sein de la maison mère près de la Place Vendôme à Paris.  Après une année éprouvante, Éva avait accepté la proposition de son employeur, celle de se rendre au 7ème salon de l'automobile qui est organisé cette année par Cartier dans un palace d'Hyderabad, le Taj Falaknuma.


Lasse des réceptions, des voitures de collection, de la foule bruyante et de manière générale de ce salon, Éva a besoin de s'isoler avant l'ouverture imminente de l'exposition. Elle décide d'explorer le palace et particulièrement le dernier étage où, d'après le veilleur de nuit rencontré la veille, des trésors y sont dissimulés. Elle est abasourdie en y découvrant, parmi ces témoignages d'une époque révolue cachés du grand public, le portrait d'un maharadjah de Jaipur arborant le fameux "Œil de l'Idole". L'"Œil de l'Idole" avait été commandé un siècle plutôt, par le maharadjah de Jaipur à Cartier à partir de pierres issues de la propre collection privée du Rajah. Le collier avait disparu sur le bateau qui l'amenait d'Europe et cette affaire avait fait l'objet à l'époque de tant de controverses entre Cartier, la tutelle britannique et le Rajputana. Sa disparition reste encore aujourd'hui un mystère, Éva est donc très surprise de le trouver représenter sur une peinture.


Alors qu'elle contemple cet impérieux monarque arborant fièrement sa parure, Éva est soudainement prise de vertige et s'évanouit. Lorsqu'elle se réveille, elle n'est plus à Hyderabad face au tableau mais à Bombay sur le pont d'un bateau en provenance d'Europe. A peine réveillée, elle est malmenée par des gardes l'accusant du vol du "Œil de l'Idole". Éva vient d'effectuer un voyage de 100 ans en arrière et est hébétée par sa situation. Elle découvre, qu'avec elle, d'autres personnes sont soupçonnées de ce vol. Il y a d'abord Georges Rossignol, un ambassadeur français de haute joaillerie qui travaille depuis quelques années pour Cartier et qui devait veiller sur le bijou durant la traversée au même titre qu'Éva. Il y également Rose Sowerby, une nurse anglaise. 


Tous trois sont conduits dans le bureau du résident britannique, Lord Hartford Wesley, un homme un brin méprisant affichant le profil typique de l'aristocrate anglais. Après les avoir interrogés, Wesley les fait monter dans un train direction le Rajputana encadrée par des gardes, des officiers et lui-même.


Durant ce long voyage en train, Éva prend conscience que ce qu'elle est entrain de vivre est bien réelle. Pourtant, elle ne comprend pas la raison pour laquelle elle se trouve ainsi projetée dans le passé et espère retrouver rapidement son époque. En attendant, elle n'a pas d'autre choix que de suivre le convoi pour Jaipur avant de devoir vivre au palais du maharadjah de Jaipur.




Nous entrons dans l'ère du Kaliyuga, le quatrième et dernier âge d'un cycle du monde ; c'est l'ère du déséquilibre total, à l'instar d'un quadrupède qui plus qu'une seule patte, l'âge où le dharma, la loi qui régit l'univers, n'est plus suivi et où le monde court à sa destruction, avait d'être réabsorbé, puis recréé différemment ... L'homme a besoin de cette transition. L'Inde a besoin d'en passer par là. L'or ne peut pas naître que de la poudre du canon et de la poussière de cendre ... L'or de l'âme qui navigue sans contrainte, débarrassée de ses oripeaux. Qui répond au mal par le bien.

"De poudre, de cendre et d'or" est un roman mêlant fiction, aventure, intrigue, science-fiction (à travers un voyage dans le passé) avec un soupçon de sentimental et de mysticisme, le tout sous fond de joyaux et d'histoire. "De poudre, de cendre et d'or" offre plusieurs voyages à ses lecteurs. Le premier est incontestablement un voyage en Inde à travers les différentes villes étapes d'Éva : Hyderabad, Bombay (aujourd'hui Mumbai), les grottes d'Ajantâ près d'Aurangabad et bien sûr Jaipur avec une petite halte dans le parc national de Ranthambore. Gwendoline Finaz De Villaine, l'auteure de cet excellent roman, apporte bien plus que de simples éléments à son récit. Tout le long de son roman, elle a le souci du détail permettant ainsi à son lecteur une immersion profonde aussi bien dans la culture indienne et son histoire que dans le domaine de la joaillerie. Elle a essayé de recréer l'environnement tel qu'il aurait pu être à l'époque où est projetée son personnage principale, c'est-à-dire en 1912. Le lecteur y découvre un monde qui s'ouvre à la modernité et l’apparition des premières automobiles ; on y découvre les premiers indiens qui bravent leurs superstitions pour voyager sur les mers pour se rendre en Europe mais l'on retiendra surtout les mouvements et les complots cherchant à déstabiliser le pouvoir en place afin d'accéder à l’Indépendance du pays avec la volonté de retrait du Raj Britannique.  Dans son roman, Gwendoline Finaz De Villaine a également essayé, avec une certaine liberté, de nous faire découvrir ce qu'aurait pu être la vie au sein de la Cour de Jaipur. Même si durant la lecture nous avons l'impression de nous retrouver face à un roman qui pourrait être historique, n'oublions pas que ce roman est une fiction. Il est donc tout à fait normal qu'à un moment donné, l'auteure laisse son âme de créatrice prendre le dessus. Peu importe alors que le roman ne soit plus fidèle à l'histoire car il est intéressant d'y laisser entrer un peu de mystère, de fantaisie et même un peu de romance dans le récit.


Le second voyage proposé dans "De poudre, de cendre et d'or" est un voyage spatiotemporelle. L’idée d’aller revivre le passé ou de découvrir à l’avance le futur est un rêve humain causé par le fait que l’être humain avance dans le temps de manière permanente et irréversible. Quel amateur d'histoire ne rêverait-il pas de se faire téléporter à l'époque qui le fascine tant ? Éva réalisera cette expérience contre son gré et sans préparation préalable. Pour elle, ce voyage vers le passé se révèlera à la fois enrichissante, déstabilisante et angoissante.


"De poudre, de cendre et d'or"  est un grand roman. Il est très bien ficelé, avec un vocabulaire très riche et écrit avec beaucoup de minutie. L'histoire est  prenante dès les premiers chapitres et le lecteur ne pourra qu'en être envouté. Différents suspens tiendront en haleine le lecteur jusqu'à la chute finale. En lisant le roman, certains "connaisseurs" ou amateurs d'expositions feront le lien entre le roman et l'exposition qui eut lieu en 2017 au Grand Palais à Paris "Des grands Moghols aux Maharajahs, joyaux de la Collection Al Thani". Une exposition qui a indéniablement inspiré Gwendoline Finaz De Villaine car une parure d'un maharajah sera le fil conducteur de son roman, l'"Œil de l'Idole".


"De poudre, de cendre et d'or"  est sans conteste mon roman premier coup de cœur de ce début d'année 2019 et je vous le recommande chaudement. Il possède toutes les qualités qui en font un bon roman, il est à la fois bien composé, il possède plusieurs notes d'originalité et a la particularité de transporter son lecteur à travers la justesse des informations transmises. C'est un roman savamment dosé, un feu d'artifice hypnotique à la découverte d'une Inde riche et envoutante.

"De poudre, de cendre et d'or"  est également l'occasion de découvrir le talent d'une auteure peu connue - qui est également chanteuse et auteur-compositeur - et qui pourtant est déjà l'auteure d'une trilogie nommée "Les Brumes de Grandville".  "De poudre, de cendre et d'or", est publié par la maison d'éditions  très prometteuse "French Pulp Éditions".


 

De poudre, de cendre et d'or

De Gwendoline Finaz De Villaine

Éditions French Pulp - Collection : Grands Romans - Parution le 17 Janvier 2019 - ISBN : 9791025104620 - 368 pages - Prix éditeur : 21 €




En collaboration avec la Maison Cartier, plus de 270 pièces extraordinaires ont été exposés au  Grand Palais à Paris du 29 Mars au 05 Juin 2017. Issues de la collection Al Thani, elles racontent l’histoire de la joaillerie indienne, de la période moghole à nos jours. L’exposition réunit des pièces historiques inestimables, exceptionnellement présentées en France : diamants, gemmes de renom, joyaux spectaculaires et objets précieux mais également des œuvres et pièces inédites provenant de collections de maharajahs et d’institutions prestigieuses. Ils sont les témoins de cinq siècles d’histoire indienne, marquée par une richesse culturelle unique au monde. Les visiteurs verront les pièces du Trésor royal d’un luxe inouï, comme l’exceptionnel ensemble de gemmes de la dynastie impériale : le diamant d’Agra, l’Œil de l’Idole et l’Arcot II, tous issus des légendaires mines de Golconde. Émeraudes et spinelles, aussi, parfois gravés du nom et des titres du souverain qui en était le possesseur. Elle soulignera, aussi, le raffinement artistique de l’Inde moghole et le dialogue qui s’instaura dès la Renaissance avec l’Europe, prenant la forme d’échanges stylistiques et techniques. Le jade et le cristal de roche étaient particulièrement appréciés à la cour moghole. Leur section présente des pièces d’un intérêt majeur, comme la coupe de l’empereur Jahangir, gravée de quelques vers persans accompagnant les titres du monarque, et actuellement considérée comme le plus ancien jade moghol daté.





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