Je suis en train de lutter. Chaque jour, je lutte seul. Je lutte contre la honte d'avoir survécu, d'être encore en vie. Je lutte contre la honte d'avoir survécu, d'être encore en vie. Je lutte contre le fait que je suis un être humain. Je lutte contre l'idée que seule la mort peut me libérer de tout cela. Et vous, vous qui êtes un être humain comme moi, quelle réponse pouvez-vous me donner ? (Page 157)

"Celui qui revient" est l'un des romans de la Prix Nobel de Littérature 2024 : Han Kang. Cette dernière avait également remporté le Prix Émile Guimet de littérature asiatique.
"Celui qui revient" est un roman de fiction abordant une page de l'histoire contemporaine coréenne : l’événement qui a commencé le 18 mai 1980 à Kwangju, ville de la province du Cholla, dans le sud-ouest de la Corée du Sud, où la population notamment estudiantine s’était soulevée contre la déclaration de loi martiale du dictateur Chun Doo-hwan (1931-2021) sur l’ensemble du territoire incluant la fermeture des universités, l’interdiction des réunions politiques, et des mesures pour museler la presse. L’armée avait été alors déployée dans le pays, et la KCIA (service de renseignements) se sont pris à plusieurs syndicats étudiants. Plus de 2 700 personnes sont ainsi emprisonnées et le bilan officiel fait état d’environ 160 morts, parmi lesquels des militaires et des policiers, et de plus de 70 personnes portées disparues. Mais comme l'on peut le constater en lisant ce roman, il semblerait qu’il y a bien plus de victimes.

"Celui qui revient" a comme fil conducteur, le personnage de Tongho, un jeune étudiant, cadet d'une fratrie de trois garçons. Tongho est à la recherche de son ami Chǒngdae qu'il a perdu de vue lors d'une manifestation qui a dégénéré. Il donne un coup de main au gymnase où les cadavres arrivent en flot continu. Tongho a pour mission d'attribuer à chaque cadavre un numéro après en avoir fait une description détaillée et deux jeunes femmes nettoie les visages des cadavres avant de les couvrir. Mais un couvre-feu va avoir lui à six heures, les arrestations ne finissent pas et les militaires n'ont pas fini de tuer tout ce qu'il bouge ...
Victimes, témoins oculaires, parents, ... prennent tour à tour la parole. Certains raconteront ce qu'il s'est passé en ce jour fatidique, d'autres leur parcours, d'autres leur vie d'aujourd'hui avec ces cicatrices d'hier.
Han Kang a pour inspiration pour ses romans, les violences politiques qui émaillent l'histoire contemporaine de la Corée du Sud. Avec "Impossible Adieux" publié postérieurement, en 2021, qui évoque le soulèvement de Jeju en 1948, avec "Celui qui revient" nous invite une nouvelle fois, à découvrir au plus près, un évènement majeur de l'histoire coréenne et ses conséquences. Han Kang est une passeuse d'histoire.
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"Celui qui revient"
Han Kang
Titre original : 소년이 온다
"Human acts"
Roman traduit du coréen par Jeong Eun-Jin et Jacques Batillot
Editions "Le Livre de Poche" - Date de parution de la version poche : 4 décembre 2024 - ISBN : 978-2253909989 - 264 pages - Prix éditeur : 8,90 euros
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